Quand licencier ses salariés devient un jeu de société "Plan social"
Incarnant des actionnaires sans scrupules, les joueurs de Plan social doivent virer tous leurs salariés. Cynisme ou dénonciation du capitalisme sauvage ? A vous de juger.
Jannick Alimi et Séverine Cazes | 27.01.2011, 07h00
Bien sûr, on aurait pu passer sous silence la mise sur le marché de ce jeu de société. Un de plus… Seulement voilà. Il a suffi de quelques semaines pour que la société Arplay, qui a créé et édité « Plan social », soit en rupture de stock. C’est dire la popularité de ce jeu très spécial.
« Plan social est un jeu impitoyable qui réveillera vos instincts prédateurs et votre cruauté intrinsèque », explique, avec un cynisme non dissimulé, John-Harvey Marwanny, pseudonyme du patron de la maison mère d’Arplay.
« Plan social » serait donc une sorte de Dallas à la française où les cartes remplacent la pellicule et la société ultralibérale l’entreprise familiale de « J.R Ewing ». Un jeu qui résonne d’autant plus fortement — violemment? — qu’en ces lendemains de crise profonde, les joueurs endossent les habits noirs d’actionnaires qui n’ont qu’un objectif : se débarrasser à tout prix des salariés pour délocaliser… S’il semble difficile de prendre ce jeu au premier degré, se détendre en jouant sur le malheur social des autres n’est politiquement pas neutre.
« Si cela permet d’éduquer les gens, c’est tant mieux. Ce jeu devrait même être enseigné dans les grandes écoles de commerce qui forment les futurs patrons. Il permet de dénoncer le capitalisme devenu fou », estime Edouard Martin, syndicaliste CFDT chez ArcelorMittal, lui-même confronté à de nombreux plans sociaux, notamment à Gandrange (Moselle). Du côté des dirigeants, le son de cloche est différent. « Ce n’est pas notre vision de l’entreprise, dénonce-t-on chez Croissance Plus, une organisation patronale. Nous sommes là pour créer des emplois, pas pour les détruire. »
Quel message l’emportera sur l’autre? La dérision ou la dénonciation? Sur son site, Arplay explique que les achats chez eux servent à financer l’écologie et les jeux solidaires. Sur le sien, JH Marwanny explique qu’il est le spécialiste du développement personnel sans douleur. Ses autres publications : « CommuNIQUEZ efficacement les AUTRES » (sic) et « le Guide pratique des lettres d’insultes ». Vous avez dit provocation?
« Plan social » serait donc une sorte de Dallas à la française où les cartes remplacent la pellicule et la société ultralibérale l’entreprise familiale de « J.R Ewing ». Un jeu qui résonne d’autant plus fortement — violemment? — qu’en ces lendemains de crise profonde, les joueurs endossent les habits noirs d’actionnaires qui n’ont qu’un objectif : se débarrasser à tout prix des salariés pour délocaliser… S’il semble difficile de prendre ce jeu au premier degré, se détendre en jouant sur le malheur social des autres n’est politiquement pas neutre.
« Si cela permet d’éduquer les gens, c’est tant mieux. Ce jeu devrait même être enseigné dans les grandes écoles de commerce qui forment les futurs patrons. Il permet de dénoncer le capitalisme devenu fou », estime Edouard Martin, syndicaliste CFDT chez ArcelorMittal, lui-même confronté à de nombreux plans sociaux, notamment à Gandrange (Moselle). Du côté des dirigeants, le son de cloche est différent. « Ce n’est pas notre vision de l’entreprise, dénonce-t-on chez Croissance Plus, une organisation patronale. Nous sommes là pour créer des emplois, pas pour les détruire. »
Quel message l’emportera sur l’autre? La dérision ou la dénonciation? Sur son site, Arplay explique que les achats chez eux servent à financer l’écologie et les jeux solidaires. Sur le sien, JH Marwanny explique qu’il est le spécialiste du développement personnel sans douleur. Ses autres publications : « CommuNIQUEZ efficacement les AUTRES » (sic) et « le Guide pratique des lettres d’insultes ». Vous avez dit provocation?
Le Parisien
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